J'ai finalement résussi le défi de septembre le samedi 22 et je m'apprête à reprendre celui avorté du mois d'avril le 9 octobre prochain.
Commençons par le défi dénivelé 5000m qui a récemment été complété au Mont Gleason, à Tingwick. J'ai pris le départ le 22 septembre au matin à 7h10 am pour, 27 ascensions et 12 heures et 8 minutes plus tard, terminer le défi avec succès. Sur cette durée, j'ai perdu 1h18 à manger, boire, soigner mes bobos, changer de vêtements et écrire sur ma pancarte (accrochée à mon auto au point de départ de chaque montée) l'évolution du défi. Au final, avec les descentes, j'ai cumulé un dénivelé total de 10 260m, soit plus que ce qu'offre la majorité des courses extrêmes en matière de dénivellé. J'ai maintenu un pourcentage de pente moyen de 15%.
Ce fut une longue journée, parsemé de cycles physiques et mentaux, mais qui aura somme toute passée rapidement. Les minutes se sont écoulées une après l'autre sans grands éclats. Les faits saillants, s'il en eu, furent les suivants:
- À la 8e descente, je tombai copieusement suite à une crampe musculaire dans le mollet droit qui me fit faire un roulé-boulé somptueux sur la gravelle. Je m'en tirai pour de jolies éraflures au dos et au bras.
- À la 16e descente je dûs me rendre à l'évidence: courir n'était presque plus envisageable. Reconnaître cela fut, mentalement, une libération. Entre la 13e et la 15e ascensions, la souffrance psychologique de se sentir faiblir était pire que la conclusion de l'obligation de marcher arrivée à la 16e descente.
- Àprès la 17e ascension, j'ai eu une crampe bizarroïde dans le vaste interne du quadricep droit. Pendant au moins 4 minutes, le muscles, déformé par la contraction, ne démordait pas dans son spasme plus étrange que douloureux, à part que la jambe ne voulait plus déplier.
- Quelque part autour de la 7e heure, mon estomac a encore rendu l'âme, me compliquant une fois de plus l'existence.
Je sors de l'expérience satisfait, mais surtout content d'avoir réussi le défi après ma tentative avortée du Mont Ste-Anne au début du mois. C'est là, pour moi, une double leçon. Premièrement, ne pas espérer le succès en étant à moitié préparer pour lui. Deuxièmement, ne pas se laisser avoir par un premier échec sans tenter sa revanche une fois mieux préparé.
Ceci dit, je dois à ce stade remercier mon ami Samuel pour son aide sans qui les choses auraient plus difficiles, voire ratées encore une fois. Avant le jour J, il a fait les derniers tests de trajets sur la montagne pour optimiser les temps d'ascension/descente. Puis, la journée même, outre un support moral à quelques reprises, les 2 heures passées avec moi sur la montagne étaient probablement les meilleures dans la mesure où ce fut durant une des deux périodes de passage à vide qu'il vint en renfort. Enfin, logistiquement, ses bâtons de marche se révélerent un coup de main appréciable, de même que ses ravitaillements en fin de défi ou, encore, ses soins improvisés de massothérapie au muscle crampé en cours de route.
Ce défi fut autrement réalisé en solitaire. Je ne m'en offusque pas du tout pour une raison fort simple. Au départ, je croyais qu'il serait facile de réussir 5000m de dénivelé positif. Après la giffle du Mont Ste-Anne, l'objectif est devenu, pour moi, un véritable défi significatif. À mes yeux, il s'agissait d'une affaire personnelle, d'une lutte à finir bien personnelle. Ma résolution, en arrivant au Mont Gleason, était de ne pas sortir de la montagne avant d'avoir montée 27 fois. J'étais décidé, piqué en mon fort intérieur de mon échec trois semaines avant. Il n'était pas question que ce défi, que je croyais facile, soit celui qui aurait finalement raison de moi dans le Dodécathlon.
Or, je l'ai réalisé tardivement, ce n'était pas facile du tout. Il 'm'aurait suffit de prendre le temps de faire quelques comparaisons pour m'en rendre compte. Par exemple, pour ceux de mon village, il faut penser que monter (et descendre) le Mont Gleason équivaut à faire ainsi 250 fois avec la côte de l'église de St-Léonard. Pour les amateurs de plein air, il faut se dire que c'est presque trois fois, mais en une seule journée, l'aller retour d'en bas à en haut du Mont Washigton dans les White Mountains. C'est, autrement vue, l'ascension de montagnes prisées pour le trekking: la Kangia au Népal, l'Ilbiniza en Équateur, le Huayana en Bolivie. Pour les Européens, il faut penser que c'est 3000m de plus que le Mont Blanc, soit le sommet des Alpes. Pour les québécois, c'est plus de 4 fois le Mont Jacques-Cartier ou 3 fois le Mont d'Iberville. Pour les canadiens, c'est l'équivalent du 5e sommet (le King Peak) national. Pour les américains, c'est 700m de plus que le point culminant des Rocheuses. Bref, c'est quand même haut !
Par contre, quand on se compare... on voit que cela représente, en une journée de 12h00, l'aller-retour jusqu'au deuxième sommet du Kilimanjaro. C'est impressionnant...jusqu'à ce qu'on voit Kilian Jornet, sur internet, faire l'aller-retour jusqu'au premier sommet (750m de plus et de moins en moins d'oxygène en montant) en un temps de... 7h14 ! Oh là ! Tout simplement hallucinant !
J'en suis donc, maintenant, à anticiper le départ du défi Montréal-Québec interrompu pour cause de blessure en avril dernier. Depuis ma nuit de course en juin, mon expérience avec la persévérance en août, et mon apprentissage de septembre avec les longues sorties en montagne, je crois être mentalement et physiquement mieux préparé. Entre autres, j'ai une meilleure idée de quoi faire ou ne pas faire pour ingérer 25 000 calories tout en continuant à courir !
Il semblerait que les boules de maïs sans gluten sont efficaces, ou le café contenant une cuillère de beurre. Ce sont là des exemples de conseils glanés ou entendus ici et là. J'ai tout pris en note et je ferai au mieux de mon jugement en cours de route.
Le départ est prévu pour 10h00 am le mercredi 10 octobre, en haut du Mont Royal. J'espère faire les 300 km du périple en moins de 40 heures, soit 4 jours. Contrairement à la première tentative, je n'envisage pas beaucoup de compagnons en chemin. Il faut dire que, comme après ma tentative du Mont Ste-Anne, je regarde le défi Montréal-Québec comme une affaire personnelle. On verra...
Je tenterai d'indiquer, chaque soir où internet sera disponible à mon hébergement, l'état d'avancement du défi.
Je tenterai aussi de compléter ma collecte de fonds pour la fondation Terry Fox qui constitue le défi du mois d'octobre.
Merci de votre support
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