Dodécathlon 20.12

Après 20 ans, maintenant 12 mois, pour 12 défis un peu fous...

jeudi 22 mars 2012

Honorifique ou ironique si je me plante sur Marie-Victorin ?

S'il n'y a pas de succès sans réussir l'essentiel et aucune excellence sans y ajouter le détail, alors je vais viser le succès puisque la préparation du défi Montréal-Québec cloche dans les coins qui me paraissent devoir être tournés un peu ronds...

L'essentiel, lui, est assuré.  Le départ se fera du pied de la croix du Mont-Royal le 5 ou le 6 avril à 7h00 au matin selon l'état de la grève étudiante qui a cours en ce moment.  Non pas que je craigne d'être bousculé par un flic ou un manifestant, voire pire interdit d'accès sur le pont Jacques-Cartier, mais simplement qu'en temps normal, j'enseigne tous les jeudis matins, alors ma disponibilité du jeudi 5 avril dépendra de la poursuite ou de l'interruption de la grève étudiante.  Quoiqu'il en soit, je prendrai le départ sur la montagne pour descendre directement vers le centre-ville de Montréal avant de sortir de l'île pour joindre la route 132 sur la Rive-Sud.  De là, j'arpenterai cette route -nommée Marie-Victorin- jusqu'à plus ou moins Sorel la première journée (si tout va bien), avant de dormir dans cette jolie municipalité champêtre (euh ?  Ok, industrielle) et de repartir vers un point entre Bécancour et Sainte-Croix où se terminera la seconde journée (si tout va bien).  Du coup, cela implique que j'envisage l'éventualité de compléter la distance en trois jours, soit environ 95 km par jour.  C'est là, du moins, en théorie, le plan de base, l'idéal.

Durant le périple, je serai accompagné par mon père, Gilles.  Celui-ci, après une première vérification du parcours avec cartes routières et visualisation sur internet (vive Google street view !), s'est "tapé" le trajet en auto afin de faire une visite de reconnaissance et prendre des notes des endroits stratégiques (toilettes, stationnement du véhicule, hébergement sur le chemin, etc.).  Il a même pris la peine de visiter des chambres d'hôtel et de parler de l'éventualité de notre venue avec des propriétaires ou employés ! 

C'est aussi mon père, dans le véhicule de support (mon super Honda Élément) qui trimbalera tout le matériel et assurera quelques tâches: faire les "refill" de la poche d'hydratation, me peser à toutes les 3h00, fournir aliments prévus à heures fixes, enregistrer les données de la montre GPS et recharger celle-ci, faire les téléphones aux intéressés recontrés sur le parcours, etc.  Il ne me restera, à moi, que la tâche de mettre un pied devant l'autre durant 10 heures consécutives chaque jour.  Énoncé vite comme cela ("bah, seulement se promener en courant durant 10 heures"), le défi semble aisé.  Je sais très bien qu'il en sera tout autrement.  Je ne me fais aucune illusion là-dessus...  

Fidèle à la rigueur que je préconise et valorise, j'ai considéré plusieurs éléments de détails importants afin de faciliter la réalisatin de la course de 290 kilomètres que je m'apprête à tenter dans deux semaines.  Premièrement, j'ai fait valider mon programme d'alimentation et d'hydratation.  C'est là, il me semble, un des aspects les plus délicats, surtout pour moi qui n'a pas l'estomac de Marie-Madelon, comme le dit la chanson.  Après avoir parlé avec quelques ultramarathoniens et lu sur le sujet de l'ingestion de nourriture lors d'un pareil effort, j'ai tiré quelques conclusions.  Tout d'abord, il faut manger beaucoup.  Après vérification par Martin Fréchette que je remercie, nutritionniste chez Excellence Sportive Sherbrooke, j'ai compris que ma dépense calorique, sur trois jours, serait d'approximativement 25 000 calories.  Je ne sais pas si vous réalisez ce que signifie ce chiffre, mais sachez que c'est environ 10 fois la ration calorique que mange un homme de relative corpulence en une journée.  Autrement dit, en trois jours, je dois manger l'équivalent de ce qu'on mange habituellement en une semaine et demie.  Ce serait encore simple si je ne devais pas courir en même temps !  Alors comment faire ?  Je ne suis pas pour ingérer 800 bananes ou 250 gels de glucides !  Assurément, il importe d'oublier, durant trois jours, les notions de saine alimentation.  Ce n'est pas le temps de rechercher un bol alimentaire visant l'équilibre fruits, légumes, protéines, fibres, féculents, glucides, gras, etc.  Compte-tenu de la quantité de calories requises, il faut y aller directement sur ce qui permet d'encaisser un maximum d'énergie, et ce, indépendamment de leur valeur nutritive (et éviter de trop prendre de fibres pour des raisons que je me passe d'expliquer).  J'ai donc décider d'y aller avec, durant trois jours, le "menu" suivant:

  • Déjeuner de nouilles déshydratées avec une tortilla (2h00 avant le départ).
  • 125 ml à toutes les 15 minutes d'un mélange 2/3-1/3 de Coke/Pedialyte.
  • Un Boost Calories Plus à toutes les 1h30.
  • Une barre tendre Chewy à toutes les 2h30.
  • Souper de 2000 calories (en évitant la viande pour les risques d'intoxication).
  • Collation de soirée de 500 à 1000 calories.
Au total, sur trois jours, cela fait tout de même 9 litres de Coke, 3 litres de Pedialyte, 20 Boost et 12 barres de céréales.  A cela, il faut ajouter 3 plats de nouilles et l'équivalent de 8 grosses poutines !  Je ne suis pas loin, avec ça, de contribuer à un vidéo de Youtube dans la catégorie "epic meal"...

Par ailleurs, la liste de l'équipement à prévoir est complète.  Du lecteur MP3 en passant par la Vaseline jusqu'au Bepto-Bismol, je crois que tout a été excellement prévu, entendre ici jusqu'au moindre détail.  La liste de ce qu'il faut mettre dans les sacs et le véhicule contient plus d'une centaine d'éléments.  C'est là une petite leçon pour ceux et celles -je m'en rends compte- qui croient qu'on se lance à la course entre Montréal et Québec les mains dans les poches avec ses seuls shorts et souliers de course.  Une fois lancé, c'est effectivement une simple répétition de l'exercice consistant à mettre un pied devant l'autre.  Il faut tout de même un "peu" de tracassement logistique ou technique avant d'en venir à cela.

Au sujet des préoccupations, ma grippe de genou trône en tête de liste.  Ma quoi ?  Ma grippe de genou.  Oui, vous savez comme moi que les gens font mal la différence entre un rhume, une grippe, une bronchite, une sinusite, voire même une gastro qui pourtant comprend un symptôme plutôt distinct (pour la même raison, je me passe à nouveau d'explications...).  Puisque les gens se confondent devant les divers virus, ils disent tous "j'ai attrapé une grippe".   Après ça, pour faire la différence entre un rhume et une grippe, ils spécifient si elle est petite ou "d'homme".  Eh bien dans le même genre, mais au niveau spécifique à la course à pied, j'ai attrapé une grippe de genou !  Habituellement, on appelle ça un syndrôme fémuro-rotullien ou patellaire.  C'est ce que disent les médecins ou thérapeutes quand un coureur débarque devant eux en se plaignant de douleur au genou.  Ça ne veut cependant pas dire grand chose à part que le genou fait mal.  Le mien, côté droit, présentement, ne se porte pas à merveille.  C'est vraiment un syndrôme fémuro-rotulien.  Cela pourrait compromettre le départ ou la réalisation du 4e défi du Dodécathlon.  Au moment présent, je ne suis pas capable de courir plus de 1.5 km sans douleur aigüe.  J'arrive à courir en étirant la bandelette illio-tibiale à toutes les 15 minutes (et ça, c'est parce que le faire à toutes les sept minutes me paraît trop fréquent pour mon moral).  Je conclus du soulagement de l'étirement de la bandelette que mon problème de genou (la douleur est à l'opposé de la zone étirée) est la conséquence directe d'un mésalignement articulaire qui doit partir du bassin.  Je mise donc, beaucoup, sur de la magie de certains thérapeutes dans les 10 jours précédents la date prévue du projet...

Si je suis contraint à ne pas tenter le coup le 5 ou 6 avril, ou si je suis forcé à un abandon avant l'arrivée au Château Frontenac, alors ce ne sera que partie remise: je reprendrai le défi plus tard en cours d'année ou, au pire, l'an prochain.  J'ai déjà décidé qu'à ce stade, je réaliserais un maximum de défis parmi les 12 de l'année en cours et qu'un échec sur l'un ou l'autre n'interromperait pas la suite, mais ne ferait qu'en ajourner la réalisation.  Je notamment décidé cela en raison du défi du mois d'octobre qui consiste à amasser de l'argent pour la Fondation Terry Fox.  Pour ceux qui ont donné et donneront, ainsi que pour la cause elle-même, il convient de faire un maximum de défis tel qu'initialement envisagé.  Pour l'instant, la réussite de l'ensemble des défis est encore au programme.  Mon genou peut guérir de sa grippe, j'en prends soin.

Pour ce qui est de la préparation en entraînement, c'est là aussi que les détails menant à l'excellence se perdent.  Je sais (pas besoin de me le rappeler) que pour s'aligner confiant sur un ultra-marathon, il faut avoir fait quelques longues sorties de 5 ou 6 heures.  Je prévoyais en faire une.  Je ne pourrai pas.  Un vilain rhume (pas de genou, mais de poumons, gorge, nez et tête) m'a mis KO durant sept pleines journées où je n'ai pas pu m'entraîner le moindrement.  Ceux qui me connaissent le savent, il faut quand même que je me sente sérieusement malade pour arrêter durant sept jours pour un virus.  Mes deux dernières gastro-entérites ne m'ont pas empêché de faire 80 km de course durant la semaine...  Or, cette fois, le rhume (la toux, pour être précis) m'a empêché de respecter mon plan initial d'entraînement.  Combiné au genou fragile, je peux dire que je ne suis pas prêt du tout à endurer la distance.  Il faudra compenser mentalement les lacunes physiques.  Dans la dernière année, j'ai lu Kilian Jornet, Alan Sillitoe, Tim Naokes sur Comrades, l'intégrale de Dean Karnazes et même La grande course de Flanagan: au moins j'ai eu ma dose de témoignages de ce que souffrir signifie !  Me reste à voir moi-même...




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