Dodécathlon 20.12

Après 20 ans, maintenant 12 mois, pour 12 défis un peu fous...

jeudi 23 février 2012

Ok, je l'ai eu pareil...


J'ai fait 3:01:20.  C'est au-dessus de mon objectif de 3h00, mais je vais pardonner la pédantesque minute afin d'oser clamer, malgré tout, que le deuxième défi du dodécathlon a été réussi.  Je ne suis pas plus fidèle que ça à la couronne britannique et pour sortir la tête haute du marathon sur tapis roulant, j'accepte volontier d'accuser l'ego de la reine et des autres monarques anglais du début du siècle dernier d'avoir déconné avec nous autres coureurs en trafficotant la distance de 40 kilomètres (25 miles) en 1908.  Je l'aurais bien pris, moi, hier, ce 2.2 km de moins !  Alors la minute de trop, ok, nous n'en ferons pas de cas ! Si elle vous dérange, alors...tant pis pour vous et dites-moi autre chose.  En ce qui me concerne, c'est réglé, réussi, c'est fait.  Point final. Merci !  Que vienne maintenant le troisième défi.

Avant d'y être, prenons le temps de dire que le déroulement (c'est le cas de le dire) du deuxième défi a bien été.  Comme prévu, j'ai lancé la course à 13h00 à une allure de 14.1 km/h (4:15/km).  J'ai maintenu cette vitesse durant environ 2h16, soit jusqu'à 32.2 km exactement -à l'exception d'une longue mise en marche du tapis au début et d'un 30 secondes où j'ai accidentellement accroché le bouton de vitesse (on voit un peu de ce 30 secondes où "j'avance" à 14 km/h sur le vidéo).  Je suis donc "passé" au demi-marathon (21.1 km) tout juste sous 1h30.  Je m'enlignais vers un chrono de 2h59, mais c'était là de la théorie.  En pratique, je savais que ce ne serait pas envisageable depuis au moins le 18e kilomètre. Tout de même, ce dont je suis peut-être le plus satisfait est de m'être accroché sans ralentir jusqu'aux 10 derniers kilomètres.  Mentalement, à coup de 15 minutes, j'ai tenu le rythme durant plus des trois quarts de la course.  Or, physiquement, la fatigue était trop forte pour espérer maintenir cette allure jusqu'à la fin.  Dès la "marque" de 32.2 km sur l'écran, j'ai accepté de ralentir, d'abord de quelques dixièmes de kilomètre et, très peu après, aussitôt à 13,3 km/h (donc 4:30/km).  A ce point, je me suis  battu de plus en plus, de 15 minutes en 15 minutes et vers la fin de kilomètre en kilomètre, pour retarder le moment où je réduirais encore la vitesse du tapis.  Finalement, un morceau à la fois, j'ai réussi à ne pas la réduire à nouveau -ah l'orgueil !- et ainsi maintenir l'allure de 13,3 km/h dans les 10 derniers kilomètres.

La stratégie d'allure était d'ailleurs parfaite.  A la fin, dans les cinq derniers kilomètres, les crampes au quadricep gauche me menaçaient fébrilement, mais en modifiant la foulée j'ai pu m'épargner la virulence de douloureuses contractions involontaires comme il y a trois semaines au marathon intérieur de Montréal.  Je remarque quand même que, dans tous mes marathons, quoiqu'à divers degrés et différents moments, les crampes m'ont ralenti.  Il faut vraiment que j'y réfléchisse (arrêtez de me dire que c'est un problème d'hydratation.  Ce n'est pas ça.  Point final.  Dites-moi autre chose.  Merci !)

Sinon, tout était impéccable à l'exception de la chaleur que j'anticipais.  C'est d'autant plus bête que, cinq minutes avant l'heure de départ, je suis allé à l'extérieur du centre d'entraînement pour me rafraîchir (en short et t-shirt) et que je me suis spontanément fait le réflexion que, ce mercredi, la température extérieure était parfaite...pour courir un marathon !  Eh non, fallait le faire "en dedans", dans la chaleur nettement trop élevée d'un air climatisé.  Les serviettes glacées et le mini ventilateur n'ont pas suffit à me rafraîchir.  Si ce n'était de cette chaleur au-dessus des 20 degrés et du peu de temps de récupération (trois semaines) depuis mon dernier marathon, je crois que j'étais en état de faire mieux que 2h49, soit mon record.  On ne le saura jamais.  Pure spéculation.  On peut supposer plein de choses à ce compte là...

Parlant de spéculation, les gens, en apprenant que j'allais courir un marathon sur tapis roulant, avaient à peu près la même réaction qu'en sachant que j'en avais fait un sur piste intérieure: "ça doit être plate", supposant par là "très difficile, mentalement exigeant, insuportable d'ennui".  C'est ce que les gens, en général, supposent.  Ce n'est pas exactement la vérité, du moins pas pour moi au point où j'en suis rendu dans mon existence de coureur.

Bien sûr, il y a des moments longs où l'envie d'arrêter se présente; où l'on se demande pourquoi on fait ça.  On peut considérer que ce sont là des moments de "douleurs" mentales.  Or la douleur, physique ou mentale, doit être vue comme une compagne naturelle lorsqu'on fait de la course à pied.  Ce n'est pas là du masochisme, car nous n'aimons pas la souffrance, la douleur.  Dans la course à pied, il ne s'agit pas de ça.  La plupart des coureurs sérieux que je connais n'apprécient pas la douleur, mais s'en accomodent comme d'un passage généralement nécessaire en vue de l'atteinte de résultats recherchés, d'objectifs visés.  Et, bien souvent, ceux qui s'en accomodent le mieux sont ceux qui réussissent aussi le mieux...   Ainsi, les moments répétifs, à littéralement courir vers nulle part sur un tapis roulant, ne sont que des peines à tolérer au profit de la finalité plus grande qui est recherchée.  Pour moi, c'était de courir un marathon.  C'était de le faire sous 3h00.  Je ne m'attendais pas à ne pas avoir de moments de raz-le-bol en cours de route ni de douleurs physiques importantes.  Par exemple, j'ai ressenti une vieille douleur, vive mais connue, au point d'insertion de l'ischio-jambier gauche, entre le 4e et 6e km.  Je sais que bien des coureurs auraient ou bien ralenti ou bien même abandonné à ce stade.  Il en restait 38...  S'il l'avait fallu, j'aurais supporté cette douleur, qui faisait serrer des dents à chaque pas, durant toute la durée du marathon.  Elle s'est gentillement dissipée en 10  minutes avant que ne prenne place, vers 60 minutes, une impression d'épuisement généralisé, etc.  Soyons clair sur quelque chose au risque de décevoir la plupart des coureurs pris dans la vogue actuelle, le boom de course à pied: notre sport n'en est que rarement un de plaisir, mais souvent de satisfaction.  Cette dernière exige une dose inhabituelle d'accoutumance à la douleur, mentale ou physique, et ce n'est pas du masochisme.  Ici aussi: point final.  Réglé. Dites-moi d'autre chose.  Merci !

Ce qui me rebute davantage en matière de douleur, c'est le fait que je sois systématiquement malade dans les heures ou les jours qui suivent un marathon: douleur à l'estomac, gêne respiratoire...  Si ce n'était que des courbatures, ce serait aisé.  Or là, après tous mes marathons -et plusieurs de mes longues sorties en entraînement- je me sens l'organisme tout chaviré.  Je crois que cela explique en bonne partie pourquoi je ne suis pas membre des "marathon maniacs" qui accumulent les 42.2 km comme on accumule rapidement du poids chez Kentucky en s'abstenant d'exercice...  Je vais loin en moi-même à chaque marathon et ma préparation exige beaucoup de mon système physique.  Cela me retient d'accumuler des marathons à raisons de plusieurs par année.  Là, ne vous méprenez pas: oui, je vais faire Montréal-Québec en courant dans deux mois, mais l'intensité sera tout autre, la nuance est de taille.

J'en profite tout de même pour un commentaire bénin quoique moins positif.  Hier, c'était la première fois que je terminais un marathon sans une petite larme en franchissant "la ligne", sans un moment de soulagement heureux ("a feeling of relief" dirait-on peut-être en anglais) et une forme de satisfaction émue qui accompagne le fait de se dire qu'on a finalement réussi à traverser tout l'entraînement, tous les doutes, tous les obstacles.  Je suis satisfait de mon résultat.  Je trouve même que c'est le marathon que j'ai le mieux géré de toute ma vie à ce jour.  Par contre, je suppose que, pour différents raisons reliées au contexte, je ne me suis pas senti transporté d'émotion à la fin.  Thats'it.  Qui a dit que les marathons devaient tous se ressembler !

Par ailleurs, la cruche des dons pour la Fondation Terry Fox sort du deuxième défi légèrement plus remplie.  Je remercie tous ceux et celles qui ont sorti le petit ou gros change pour la nourrir généreusement durant mon marathon chez Gymnase Drummond.  D'ailleurs, parlant de remerciements, je remercie le personnel du centre d'entraînement et, particulièrement, Dominique, Mario, Sylvain, Vicky et Rachelle.

Présentement, au lendemain du deuxième défi, j'en suis à me dire qu'il faut tout de même que je me remette à penser au suivant puisqu'il est, mine de rien, dans huit jours !  Je suis déjà inscrit, pour le championnat provincial civil d'athlétisme intérieur qui aura lieu à Québec du 2 au 4 mars, aux épreuves de 60m, 300m, 600m, 1000m, 1500m, 3000m, et 5000m marche.  La moitié seront faîtes en deux heures le vendredi 2 mars et l'autre moitié en 2 heures le lendemain. Initialement, je pensais que ce serait fou, drôle, absurde et facile.  Plus j'y songe maintenant, et moins le qualificatif de "facile" m'apparaît approprié...   J'écrirai d'ailleurs un mot à ce sujet, dans quatre ou cinq jours.  Pour l'instant, regagnons des forces après mes 181 minutes d'hier après-midi.

 
Merci de votre support à tous ceux et celles qui, de près ou de loin, suivent l'aventure sur ce blogue ou au jour le jour en me côtoyant à travers la préparation.

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