Dodécathlon 20.12

Après 20 ans, maintenant 12 mois, pour 12 défis un peu fous...

vendredi 14 décembre 2012

Je suppose que la base aérobique est là !

La semaine dernière était la dernière de cours au cégep où j'enseigne.  A la maison, c'est la routine quotidienne avec deux enfants (7 et 27 mois). En matière de coaching, c'est la période des renouvellements des athlètes et le lancement de la saison intérieure de compétition.  Bref, c'était l'occasion toute appropriée pour courir 400 km en une semaine, à raison de 3 séances de 90-120 minutes chacune !
 
Je suis bien sûr ironique.  Les conditions étaient loin de parfaites.  Mon défi du mois de décembre est de ceux qu'on s'attendrait à réaliser en prenant de nombreuses siestes et, la nuit, en s'assurant de dormir comme un bébé (expression qui suggère que son inventeur n'avait pas une énorme expérience des enfants..ou qu'il ne côtoyait de bébés que de jour...).  Une des difficultés majeures fut de "caser" le défi dans  la semaine "normale" d'activités.
 
Mais c'est fait...
 
En chiffres, ça donne ça:

 
Défi 250 miles (400 km en une semaine).  Dodécathlon décembre 2012
Date Heure dép. Nb. Heures Nb. Km. Vit.moy. Km/h Vit.moy min/km Endroit/parcours %VAM
08-déc-12 7h00 2 23.52 11.76 5:06/km St-Léo/Parcours J-D (GPS) 65.52
14h10 2 25.09 12.54 4:47/km St-Léo/Parcours 12k habituel (GPS) 69.86
17h30 1 11.64 11.64 5:09/km St-Léo/improvisation (GPS) 64.85
Total Jour 1   5 60.25 12.05 4:58/km   67.13
09-déc-12 7h50 1 10.82 10.82 5:32/km St-Léo/Golf (GPS) 60.28
9h20 2 26.06 13.03 4:36/km St-Léo/Parcours habituel (GPS) 72.59
13h30 2 22.5 11.25 5:20/km St-Léo/improvisation (GPS) 62.67
Total Jour 2   5 59.38 11.88 5:03/km   66.16
10-déc-12 7h45 2 21.49 10.75 5:35/km St-Léo/Snoopette+habituel (GPS) 59.89
15h00 2 23.22 11.61 5:10/km Gymnase Drummond tapis (incl.1%) 64.68
20h45 2 25.27 12.63 4:45/km St-Léo/4 km Polycourons (GPS) 70.36
Total Jour 3   6 69.98 11.66 5:08/km   64.98
11-déc-12 9h50 2 22.82 11.41 5:15/km St-Léo/Parcours J-D (GPS) 63.57
15h25 2 24.32 12.16 4:56/km St-Léo/8 km Polycourons (GPS) 67.74
20h50 1 12.05 12.05 4:58/km St-Léo/Parcours habituel (GPS) 67.13
Total Jour 4   5 59.19 11.84 5:04/km   65.95
12-déc-12 7h40 1.5 16.69 11.13 5:23/km St-Léo/Improvisation (GPS) 62.01
15h20 1.5 17.90 11.96 5:01/km Drmd./ Parcours St-Charles (GPS) 66.63
21h00 1.5 17.85 11.92 5:02/km St-Léo/Parcours Parc Industriel (GPS) 66.41
Total Jour 5   4.5 52.44 11.65 5:09/km   64.92
13-déc-12 7h50 1.5 15.43 10.29 5:50/km St-Léo/Parcours 1.25 km Golf (GPS) 57.33
13h30 1.5 17.61 11.76 5:06/km Champlain/Parcours 2e camping (GPS) 65.52
18h00 1.5 17.38 11.61 5:10/km Champlain/Parcours 2e camping (GPS) 64.68
Total Jour 6   4.5 50.42 11.20 5:21/km   62.42
14-déc-12 9h50 1.5 18.15 12.12 4:57/km Champlain/Parcours Ile-Valdor (GPS) 67.52
14h35 1.5 18.72 12.50 4:48/km Champlain/Parcours Ile-Valdor (GPS) 69.64
18H15 1 12.60 12.60 4:45/km Champlain/Parcours dépanneur (GPS) 70.19
Total Jour 7   4 49.47 12.37 4:51/km   68.90
Total J1-7   34 401.13 11.80 5:05/km   65.73

Au final, j'ai fait 401 kilomètres en 34 heures, soit à une vitesse moyenne de 5:05/km ou, pour ceux moins familiers avec les références de coureurs, à une allure de 11.80 km/h.  J'aurais été plus vite que cela, en moyenne, n'eut été des premières séances journalières.  Je ne suis pas un coureur du matin.   Je m'en suis même plutôt bien tiré avec ces "morning runs". 
 
J'ai calculé, tout au long de la semaine, le pourcentage de ma vitesse aérobique maximale (VAM) auquel je courrais.  C'est là, selon moi, une mesure de l'effort plus juste que la vitesse en kilomètres/heure.  J'explique à partir d'un exemple.  Si j'étais un coureur de haut niveau et qu'au lieu d'une VAM à 17.95, j'en avais une de, disons, comme notre champion canadien Cameron Levins, de 23, alors je n'aurais pas fait 401 km à une vitesse moyenne de 11.80 km/h, mais plûtot 513 km à une vitesse de 15.1 km/h, et ce, pour la même durée de course et le même niveau d'effort.  A l'inverse, si je ne faisais pas le 10km en 36 minutes -et encore moins en 27 comme Levins- mais en 50 minutes (et donc avec une VAM avoisinant 13.5 km/h), alors j'aurais fait 300 km pour la même durée à la même intensité d'effort. 
 
Je pose cependant une question à tous les physiologiques lecteurs du présent blogue: si, en raison de la fatigue normale, je perds progressivement en capacités (musculaires, neuromusculaires, etc.) en cours de semaine, est-ce à dire qu'il est faux de supposer que la même distance parcourue par le même coureur -moi- à la même vitesse serait du même pourcentage de ma VAM ? Ne devrait-on pas supposer que je travaille plus fort vers la fin de la semaine qu'au début et que, en ce sens, le pourcentage de VAM correspondant à mon effort réel augmente proportionnellement ?  Vous avez compris la question ?  Si vous pouvez y répondre, j'apprécierais.  Je n'ai pas la réponse moi-même.  D'un point de vue de coach, ce genre de problème soulève des implications pratiques importantes...
 
D'un point de vue mental cette fois, je souligne que j'en avais un peu ras-le-bol de courir à vers la fin de la semaine.  Il faut aussi dire que les jambes ne sont plus, après l'année  que je viens de passer, dans leur état initial.  J'ai des douleurs partout et une certaine fatigue généralisée.  Cela est aussi vrai ou se répercute au niveau mental.  Cette semaine, j'ai vite trouvé que je courrais tout le temps.  Ce n'était pas loin de la vérité il faut dire !
 
L'autre difficulté fut la gestion de l'alimentation.  Quand tu as trois heures entre deux séances, tu ne peux pas trop manger.  Après trois jours, il était évident que je terminais les entraînements en état d'hypoglycémie légère.  Or, je ne pouvais pas manger copieusement après deux des trois séances journalières, car j'avais un autre entraînement en vue.  Bref, j'ai quand même mangé beaucoup durant la semaine, mais j'ai certainement perdu du poids (ce qui a au moins eu l'avantage de m'aider sur la vitesse alors que mon niveau d'énergie et de capacités musculaires baissaient).
 
Je suis, en bout de ligne, plutôt satisfait de la tournure de ce dernier défi du Dodécathlon.  Le résultat me plait.  J'aurais pu aller un peu lus vite dans d'autres conditions (cf. au début...) ou si l'année ne me faisait pas payer son dûe.  Puis, alors que tout allait bien au troisième entraînement journalier de la 5e journée, j'ai eu une réminiscence de blocage de genou au niveau du point d'insertion de la bandelette illio-tibiable...  Certains coureurs savent de quoi je parle, n'est-ce pas ?  Disons que j'ai ensuite dû exercer une vigilance de ce tracas qui aurait pu devenir un frein au défi (cela explique le 5:50/km au matin de la 6e journée). 
 
Si certains ont le goût de me dire "oui, mais 400km en une semaine, même à 65% de la VAM, ça reste facile, car ce n'est pas de l'intensité..."  Ma réponse: je rappelle que j'ai fait 280 fois 400m en une semaine  à une vitesse de 5km en juillet dernier.  Certains pourraient alors vouloir rétorquer: "oui, mais la difficulté, c'est d'utiliser l'intensité dans un cadre compétitif.  C'est facile de faire ou bien du volume ou bien de l'intensité séparémment..."  A ceux-là je réponds: j'ai terminé deuxième de l'Endurrun, une course sur 8 jours en 7 étapes de distances et surfaces ou distances variées où on pousse la machine à  tous les jours jusqu'à faire 160 km (excluant les échauffements...).  Bref, mon défi de décembre a pris sa place, celle qui lui revenait de plein droit dans le Dodécathlon.
 
Pourquoi, au juste, 400 km ?  Il y a plusieurs raisons, mais, au fond, durant la semaine, je me suis rendu compte de la vraie réponse: j'étais sûr de pouvoir faire 300, je suis sûr que je n'aurais pu envisager 500 sans un fort risque de ralentissement ou blessure majeurs en cours de route.  Bref, 400 km représente, au point où je suis rendu comme coureur, un objectif possible mais incertain, comme tout objectif devrait l'être... 
 
A part quelques blessures que je dois prendre le temps de soigner, je semble encore en état de courir.  J'envisage déjà, peu à peu, mon prochain défi: l'entraînement pour le marathon de Boston en avril.  Il y a des coureurs qui, tout en trouvant le projet du Dodécathlon 20.12 intéressant, on "parier" que ce serait ma dernière année de course.  Eh eh, raté !  Non seulement suis-je encore apte à courir, mais je crois plus qu'auparavant m'être approché du concept de coureur complet.
 
Je ferai cependant un bilan du Dodécathlon dans son ensemble d'ici la fin de l'année.  J' ai eu le temps d'en tirer des leçons et d'évaluer les points positifs et négatifs.  J'écrirai tout ça sur ce blogue, avant qu'il ne devienne ensuite qu'un souvenir evanescent d'une année un peu folle.  Ce sera, je crois, un texte intéressant, instructif. Vous en tirerez vous-mêmes les conclusions.  
 
J'ai donc fait 401 km en une semaine, dans des conditions de vie familiale et professionnelle peu favorables.  Vous trouvez cela fou ?  Eh bien chaque fois qu'on pense avoir fait quelque chose de "gros", on trouve quelqu'un pour nous ramener à dire que c'est finalement assez "petit".  En milieu de semaine, je lisais un paragraphe du livre Jack Daniel's Formula, du célèbre coach, où il rapportait avoir jadis connu un coureur ayant maintenu une moyenne annuelle de 450 km/sem avec, durant six semaines consécutives, un pic à 510 km !  Et là, à peine avais-je terminé  le dernier kilomètre de mon défi de décembre que je tombais sur un texte à propos de ce coureur -Larry Macon- ayant couru 689 marathons officiels, dont 139 dans la seule dernière année, et ce, tout en ayant une femme et un emploi d'avocat durant la semaine.  Ça c'est de la logistique ! 
 
Merci de m'avoir suivi en cours ou tout au long du parcours sur ce blogue.  Tel que dit plus haut, j'y mettrai un dernier texte, synthétique, d'ici quelques jours avant de tourner la page sur cette aventure.  Merci de votre support et de vos encouragements. 

1 commentaire:

  1. Bonjour Robin,
    M’ayant bien modestement senti interpellé comme physiologiste lecteur, j’ai donc décidé de tenter une réponse à ta question. Voilà : pour considérer que le pourcentage de VAM correspondant à ton effort réel augmente progressivement au cours de la semaine, il faudrait supposer que ta VAM baisse graduellement tout au long de celle-ci. Même si c’est théoriquement impossible que ta VAM (qui, soit dit en passant, équivaut à la VO2Max et à l’économie de course) diminue drastiquement en quelques jours, dans une situation concrète où la récupération n’est pas suffisante pour compenser/surcompenser, il serait possible de bel et bien la voir diminuer. Pour constater cela toutefois, il faudrait être en mesure de la calculer sur une base quotidienne... ce qui n’est pas trop réaliste, tu en conviendras. Également, le poids est un autre point à considérer puisque sa diminution pourrait en partie « annuler » celle potentielle de la VAM.

    Maxime Bilodeau

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